Pour
connaitre l'origine du site, il faut se projeter à une fin d'après-midi
d'automne maussade, pluvieuse et sombre à Besançon.
C'était
en 2000. Le matin, de bonne heure, le jour à peine levé, j'étais
parti de mon domicile pour aller à la Faculté. La journée
s'était révélée particulièrement fatiguante. La soirée tombait doucement.
Je rentrais chez moi vers 17 heures. Le hall d'entrée, les boites aux
lettres blanches. En passant devant la mienne, je me détourne et relève
le courrier de la journée. Je trouve quelques enveloppes et surtout,
sous un pli opaque, un exemplaire du journal Minute. Une fois
dans mon appartement, je me suis laissé tomber dans mon fauteuil, exténué.
Un moment plus tard, je déchirais l'enveloppe plastique, je regardais
d'un oeil morne la Une du journal puis je tournais la page. Mon regard
suivit un dessin, composé de plusieurs séquences verticales, à droite
de la page. Et un grand sourire sur mon visage se dessina à son tour
! Tout
à coup, je me suis retrouvé ailleurs, loin des problèmes, détendu (mais
toujours fatigué), agréablement distrait. Je venais de passer pendant
quelques secondes, le seul bon moment de la journée...
L'esprit
quelque peu délié, je me suis mis alors à méditer. "Il a du talent
ce dessinateur", me suis-je dit. Cela faisait peut-être un an que
j'étais abonné à ce journal, et je n'avais jamais vraiment mémoriser
son nom. Pour la première fois, je portais mon attention sur lui. C'était
"Konk". Ses dessins m'avaient souvent plu mais je ne m'étais
encore jamais donné la peine de réfléchir à son sujet. Je consommais
sans me poser de questions. Ce sont les gauches qui m'avaient fait découvrir
ce journal. Je pensais que Minute avait cessé de paraitre. Je
l'identifais aux années 1960 et 1970. Et puis un jour, un gauche m'apprit
qu'il paraissait toujours et qu'on pouvait le trouver en kiosque. Brave
petit gauchiste ! Je m'étais donc mis à la recherche d'un exemplaire
de Minute, et je l'avais lu. Cela ne m'avait pas déplu. Je m'étais
finalement abonné, et tous les mercredis, je recevais à domicile, dans
ma boite aux lettres, un exemplaire.
"Mais
quel dommage qu'il ne soit pas plus connu !" me dis-je alors en
pensant à ce dessinateur. Il faut ouvrir Minute et regarder en
page 2 pour voir ses dessins. Qui achète Minute ? Personne. Même
moi je l'avais découvert par hasard. Et en plus, il faut tourner la
page pour voir ces dessins. Non, décidément, quel dommage !
Dessine-t-il
dans d'autres journaux, ce talentueux dessinateur ? Ne fait-il que cela
dans la vie ? Qui est-il ? Comment s'appelle-t-il réellement ? A quoi
ressemble-t-il ? Vieux con ? La trentaine ébouriffée et alcoolo ? Hm...
Mieux valait-il certainement ne pas le savoir. Quatre lettres, Konk,
ça suffisait largement. Mais indéniablement, il faisait de bons dessins.
Je m'y connaissais. Pour avoir mon bac. Economique & social, le prof.
principal de la filière, Roidor, nous avait dit qu'il n'y avait qu'une
solution : s'abonner au journal Le Monde. Alors je l'avais fait.
J'ai eu mon bac. mais difficilement. Les articles culturels ou de politique
intérieure, je ne les lisais jamais. À quoi bon ? C'est le journal
de la gauche caviar. En revanche, je lisais attentivement les rubriques
internationales et économiques que je trouvais un peu plus objectives,
impartiales et saines. Et puis, chaque jour, un dessin de Plantu. Parfois,
il y avait de l'idée. Mais il était possible de sentir qu'il était un
produit du Système. Il était encensé, montré comme une idole alors que
ses dessins étaient souvent insipides. Un bourgeois, un de plus. Le
seul souvenir positif que je garde de Plantu, est d'avoir fait dessiner
par Arafat et Perez un drapeau, pour le premier juif, pour le second
palestinien. Je revois ces images. Deux entrevues distinctes. Plantu
assis à coté de l'un comme de l'autre sur un canapé, un feutre noir
qui trace. Pour sûr, ce Konk ne bénéficiait pas de la même couverture
médiatique !
Et
là, j'eus une idée. Il se trouvait que fin septembre, j'avais reçu un
C.D.R. Office 2000 version professionnelle de Microsoft. A l'époque,
c'était une chose rare, coûteuse. Je n'avais rien d'un professionnel
mais j'avais pu malgré tout l'acheter pour 990 francs au lieu 5000.
J'avais fait une bonne affaire. Je l'avais acheté pour le traitement
de texte, éventuellement pour Excel. Et puis finalement, par hasard,
j'avais découvert en farfouillant dans Publisher, une fonction censée
permettre de faire des sites internets. Je ne m'étais absolument pas
senti concerné. Je n'avais jamais pensé faire un site internet et je
pensais ne jamais en faire un de ma vie. Mais décidément, j'avais bien
fait d'acheter ce C.D.R.
Eh
bien, et si je tentais justement de faire un site sur les dessins de
Konk ? Je me retournai et regardai mon bureau sur lequel était posé
mon ordinateur. Oui, voilà un sujet, un but pour faire un site internet.
L'idée était née. Quelques minutes plus tard, j'ouvrais le logiciel
en question et tentais de comprendre comment il fonctionnait. C'était
le début.
Le
dessin en question, qui provoqua le déclic, celui vertical à plusieurs
séquences à droite de la page, que je revois très distinctement dans
mes souvenirs, celui qui m'amusa ce soir-là d'automne, c'est celui-ci
: .
Sur ce présent site, rien ne l'a jamais différencié des autres,
mais je savais que c'était celui-ci qui était à l'origine de tout. Il
est sur le site depuis le premier jour (octobre 2001) et il n'a jamais
été retiré (rubrique Le progrès). Et voyez à quel point il n'est
pas si extraordinairement drôle que cela ! Ce soir-là, j'étais vraiment
fatigué... C'était le 29 novembre 2000.
Après
? Eh bien après, c'est une laborieuse période. Je travaillais le concept.
Je sentais, je savais que la réussite d'un site résidait avant tout
dans son concept.
Mais
il me fallait d'abord apprendre la technique. Je me renseignais à propos
d'Internet. Comment cela pouvait-il bien fonctionner ? J'avais une connexion
internet depuis des années, mais je ne m'en étais jamais préoccupé.
Qu'est ce qu'un site internet ? Comment c'est construit ? Puis-je faire
la même chose que ce que je vois tous les jours sur mon écran d'ordinateur
? Et puis, qu'est-ce qu'un "frame" ? C'était un mot mystérieux. Je le
voyais parfois apparaitre dans des articles consacrés aux apprentis
créateurs de site. Ça paraissait vachement bien ! Utile ! Mais à quoi
ça pouvait bien servir et à quoi cela pouvait bien ressembler ? Ça peut
paraitre idiot, mais c'est ainsi : j'ai mis un temps incroyablement
long (j'ai trop honte pour écrire la durée exacte) avant d'avoir l'idée
d'ouvrir un dictionnaire d'anglais et apprendre que cela voulait dire
"un cadre". Le jour où je compris cela, j'avais compris l'essentiel
.
La
seconde chose que je compris, fut que Publisher était un logiciel pour
les enfants. Il était tout à fait impossible de faire quoique ce soit
avec cette chose. Dreamweaver par contre, semblait, à l'époque, être
le "must". Après des difficultés kafkaïennes, je réussis à obtenir une
version gratuite ! Je fis alors d'énormes progrès. Je faisais des cadres.
Ensuite,
il fallu apprendre à se servir d'un scanner ! Etc., etc., etc. Enfin,
bref, vous l'aurez compris, l'informatique n'était pas pour moi, une
pratique simple. Elle ne s'est que très relativement simplifiée depuis.
Faire
des pages ouaibes ne suffit absolument pas. Il fallait concevoir un
concept et distinguer préalablement quelles étaient les dispositions
à prévoir pour assurer le développement du site une fois qu'il serait
mis en ligne. Ce fut là ma principale réussite. Cela m'était facilité
par le fait qu'il n'était pas nécessaire de connaitre la langue angloise
ou htmlienne.
Fin
du premier chapitre.
Le
créateur et administrateur du site
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