Certains haïssent les dimanches. Konk, lui, n'aime pas le lundi. C'est
le jour où il doit envoyer ses dessins. Or, ce dessinateur génial n'aime
pas dessiner. Il prétend même n'avoir aucun talent pour ça ! Coquetterie
d'artiste ? fausse modestie ? Non, il le pense sincèrement. Il faut entendre
ses soupirs accablés quand on lui passe commande au téléphone. Comme il
faut bien vivre, il consent pourtant à croquer l'actualité pour «
Minute ». L'homme n'étant jamais content des sujets imposés, nous
avons pris le parti de lui laisser toute latitude d'action. Cela facilite
nos rapports. Aussi, chaque lundi, en fin d'après-midi (chez lui, la période
post-prandiale est consacrée à un rituel immuable : la sieste), nous avons
le plaisir de découvrir l'actualité vue par Konk. Autour du fax commence
alors un étrange ballet où chacun découvre la dernière du facétieux dessinateur.
Même les plus hermétiques à l'humour succombent au rire. En effet, Konk
n'a pas son pareil pour restituer, en quelques coups de crayons, le grotesque
d'un monde qu'il n'aime pas (et qui le lui rend bien). Si le ridicule
tuait, Konk serait un serial-killer. Car il fait mouche à tous les coups.
Un vrai carnage hebdomadaire. Avec ses deux armes typiquement françaises
: l'ironie et l'insolence. Tous les non-dits, les tabous, les mensonges
volent en éclat. Konk, c'est une bombe, un concentré de « politiquement
incorrect » hautement explosif. C'est pour ça que « Le Monde
», qui fut l'un de ses premiers employeurs, lui a interdit ses colonnes.
Trop irrévérencieux. Trop lucide. En un mot, trop libre. Tant mieux pour
« Minute » et pour ses lecteurs.
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